DE VOLVER (Original Mois Benarroch)

He vuelto a reclamar mi lengua
He vuelto a reclamar mis sinagogas
mis rabinos y mis poetas
he vuelto a reclamar mi hebreo
y mi español
he vuelto a reclamar mis montes
y mis montañas mis ciudades
y mis mares
he vuelto
a reclamar mi historia
y mi salud
mis uñas y mis libros
he vuelto desde el fondo de la historia
a contarte mi historia
he vuelto después de 600 años
He vuelto
he vuelto para que me mires y me tires
he vuelto para recoger el oro
y toda la plata
he vuelto para verte y para irme
por fin irme por mis propias manos
He vuelto
a verte renacer
después de haber sido huesos sin carne
después de que te despertaste un día
sin piel
mientras yo te recordaba
mientras tus poetas
cantaban poemas
sobre mi tumba
y los sótanos de tus inquisiciones
me buscaban hasta Méjico, hasta Santiago
de Chile, hasta la jungla
y tu te reflejabas en el oro
y te veías rica y hermosa
cien años de ilusiones de grandeza
creyendo que era genial
haber echado a tus judíos y a tus moros
España unida y única
cien años cegada por las nuevas tierras
quedándote sola, Oh España cayendo
mientras yo te recordaba
Dime
Dime Valencia, Dime Cádiz
Dime Guadalquivir, Dime Guadalajara
Dime Barcelona, y Dime Lucena, Dime
dime Granada y dime Jerez
Dime Tolox y dime Málaga
son como gotas de vino
en mi lengua secada por el desierto
Dime Badalona y dime Salamanca
Dime Vinaroz y dime Algeciras
Dime Ceuta y dime Melilla
En todas las tierras te recordé
En Grecia y en Turquía, en Marruecos
y en Tunez, en Alemania y en Nueva York
Y hasta en Jerusalén
Te añoré
Mientras tú
te deshacías
desaparecías de la historia
metida en tu inquisición, y en tus sótanos
año tras año siglo tras siglo
sin poder admitir tu falta
sin darte cuenta de tu equivocación
perdida tanto tiempo mientras yo
te llevaba en mi Corazón
tu mapa dibujado en mis riñones
Como un pájaro sin alas
sobre un elefante
visitaba tus cementerios de guerras
de muertes, de sambenitos y de sanmalditos
Creías que me estabas matando
y sin darte cuenta te convertiste
en el cementerio de Europa
Creías que me estabas convenciendo
para ser buen cristiano
mientras solo exponías tus lagunas
Tu maldito dios humano
tu fe equivocada
después de haber cotizado financiado tu reconquista
con dinero judío
Tu maldito dios humano
y traidor
él nunca te perdonó
aunque nosotros, tus judíos,
estábamos siempre dispuestos a volver, a olvidar.
Tu maldito dios humano
te llevó al infierno, falta tras falta
de maldición en maldición
de sangre en sangre
y hoy Te digo
He vuelto a reclamar
todo lo que es mío
He vuelto a reclamar mi lengua
y mis llaves y mis trajes
mis huellas mis mares
mis olas mis playas
mis sombras mis letras en el barro
mis casas y mis libros
He vuelto a reclamar todo
para que me lo rechaces
He vuelto a reclamar todo para
poder seguir errando
y recordando
todo lo que nunca podrás
devolver.

NYC 26-4-1999

SUR REVENIR (Version française Rosa Ramos)

Je suis revenu pour réclamer ma langue
Je suis revenu réclamer mes synagogues
mes rabbins et mes poètes
je suis revenu réclamer mon hébreu
et mon espagnol
je suis revenu réclamer mes montagnes
et mes montagnes mes viles
et mes mers
je suis revenu
réclamer mon histoire
et ma santé
mes ongles et mes livres
je suis revenu depuis l’autre bout de l’histoire
pour te raconter mon histoire
je suis revenu après 600 ans
Je suis revenu
je suis revenu porque tu me regardes et tu me jettes
je suis revenu prendre l’or
et tout l’argent
je suis revenu te voir et pour repartir
mais enfin partir par moi-même
Je suis revenu
te voir renaître
après avoir été des os sans chair
après que un jour tu t’es réveillé
sans peau
tandis que je me souvenais de toi
alors que tes poètes
chantaient des poèmes
sur ma tombe
et les souterrains de tes inquisitions
ils allaient me chercher jusqu’au Méxique, jusqu’à Santiago
du Chili, jusqu’à la jungle
et toi aussi tu te refletais dans l’or
tu te voyais riche et belle
cent ans d’illusions de grandeur
croyant que c’était magnifique
d’avoir viré tous tes juifs et tous tes maures
Espagne unie et unique
cent ans aveuglé par les nouvelles terres
restée seule, Ah Espagne tombant
alors que je me souvenais de toi
Dis-moi
Dis-moi Valence, Dis-moi Cadix
Dis-moi Guadalquivir, Dis-moi Guadalajara
Dis-moi Barcelonae et Dis-moi Lucena,
Dis-moi Grenade et dis-moi Xérès
Dis-moi Tolox et dis-moi Málaga
sont comme des gouttes de vin
dans ma langue asséchée par le désert
Badalone et dis-moi Salamanque
Dis-moi Vinaroz et dis-moi Algéciras
Dis-moi Ceuta et dis-moi Melilla
Dans toutes ces terres je me suis souvenu de toi
En Grèce et en Turquie, au Maroc
et en Tunisie, en Allemagne et à New York
Et même en Jérusalem
Tu m’as manque
Tandis que toi
tu te défaisais
disparaissais de l’historie
mise dans ton inquisition, et dans tes souterrains
année après année siècle après siècle
sans pouvoir admettre ta faute
sans te rendre compte de ton erreur
perdu tant de temps alors que moi
je te portais dans mon Coeur
ton plan dessiné dans mes reins
Comme un oiseau sans ailes
sur un éléphant
visitais tes cimetières de guerres
de morts, de san-benitos y de saint- maudits
Tu croyais que tu me tuais
et sans te rendre compte tu t’es converti
dans le cimetière d’Europe
Tu croyais que t’étais en train de me convaincre
pour être un bon chrétien
alors que seulement t’exposais tes lacunes
Ton maudit dieu humain
ta foi erronée
après avoir cotisé financé ta reconquête
avec de l’argent juif
Ton maudit dieu humain
et traître
lui ne t’a jamais pardonnée
encore que nous, tes juifs,
nous étions toujours prêts à revenir, à oublier.
Ton maudit dieu humain
t’a amène à l’enfer, faute après faute
de malédiction en malédiction
de sang en sang
et aujourd’hui je te dis
J’ai revenu réclamer
tout ce qui m’appartiens
Je suis revenu réclamer ma langue
et mes clefs et mes vêtements
mes traces mes mers
mes vagues mes plages
mes ombres mes lettres dans la boue
mes maisons et mes livres
Je suis revenu réclamer tout
pour que tu me refuses
Je suis revenu réclamer tout
pour pouvoir errer encore
et me souvenir de tout
ce que tu ne pourrais jamais me rendre.

NYC 26-4-1999