2.
¿Hemos llegado ya, mamá?
Hace años hijo.
Porque, mamá, no veo que hayamos llegado
estos no son judíos como yo.
Este es tu pueblo hijo, este tu país.
Pero, mamá, no veo los árboles de mi niñez
y todo lo que la gente me dice me parece extraño.
Esto es lo que hay.
Pero me prometiste que íbamos a nuestro país
y este no es mi país este no es mi pueblo
estos no son mis judíos.
Si quieres, vete.
¿A dónde, mamá?
En mi ciudad natal no existen ni mi doble ni mi sombra
mis hijos han nacido aquí
y hasta ellos me son extraños
mi mujer es de otro país
no conoce nuestras costumbres
mis lenguas son todas diferentes de las lenguas humanas
no tengo a dónde volver me quede sin país y sin pueblo
y este viaje no se acaba no hay forma de que se acabe,
estoy para siempre en esas cuatro de la mañana
el ultimo olor del café con leche en la cafetera
saliendo hacia Ceuta y viendo Algeciras desde el mar
me he quedado para siempre en ese viaje nocturno
que nunca ve el día y por más que lo intento
soy un extranjero aquí en esta patria
que tanto echaste de menos y
ahora me dices, mamá,
que me vaya a España
con mi tribu agrandada
que me vaya a otro exilio
otra patria que se convirtió en exilio
como Israel como Jerusalén
como Tetuán como Lucena
todas nuestras patrias se vuelven exilio.

2. (Version française Rosa Ramos)

Sommes nous arrivés, maman?
Depuis des années mon fils.
Pour quoi, maman, je ne vois pas que nous soyons arrivés
ceux-là ne sont pas juifs comme moi.
Celui-ci est ton peuple mon fils, celui-là ton pays.
Mais, maman, je ne vois pas les arbres de mon enfance
et tout ce que les gent font me paraît étrange.
Voilà ce que il y a.
Mais tu m’as promis que nous allions vers notre pays
et celui-là n’est pas mon pays et celui-là n’est pas mon peuple
ceux-là ne sont pas mes juifs.
Si tu veux, va t’en.
Mais ou, maman?
Dans la ville de ma naissance n’existe ni mon double ni mon ombre
mes enfants sont nés ici
et même eux sont étrangers pour moi
ma femme est d’un autre pays
elle ne connait pas nos habitudes
mes langues sont toutes differents des langues humaines
je n’ai pas d’endroit ou revenir je n’ai plus de pays et sans peuple
et ce voyage je n’ai pas manière de l’achever,
je suis pour toujours à quatre heures du matin
la dernière odeur de cafe avec du lait dans la cafetière
en sortant vers Ceuta et voyant Algésiras depuis la mer
je suis resté pour toujours dans ce voyage nocturne
que ne voit jamais le jour et même si j’essaie
je suis un étranger ici dans cette patrie
que tant t’a manqué et
maintenant tu me dis, maman,
que je m’en aille en Espagne
avec ma tribu agrandit
que je m’en aille à un autre exile
un autre patrie que c’est converti en exile
comme Israël comme Jerusalem
comme Tétouan comme Lucena
toutes nos patries deviennent exile.