4. (Original Mois Benarroch)

Yo soy el idiota
que quería volver
por las huellas
dejadas en el barro

las lluvias pasaron y
ahora miro
la arena
como un loco
hablando
de un caballo de oro

miro mis ojos
llorando como una viuda virgen
una hora antes de morir
que su marido
murió dos horas después de la boda

cuando era niño
miraba las matrículas de los coches
sustraía o juntaba los números
para convertirlos en números capicúas

me parecía un acto inevitable

siempre intentaba
volver por el mismo camino
por el que había ido

el mundo dependía de mis pasos
adolescente miraba a las chicas
como caminos
sin vuelta
sus cuevas me asustaban
ellas temían
mi inmediata intensidad.


Volví
en un avión
pero tenía poco sentido
no volver por el camino
de la ida


volví
y vi algunas de las huellas
en el mar entre las costas
de la adolescencia perdida
las huellas tomaron forma
de brontosaurios
los arqueólogos
no podrían imaginar
que eran mías

Volví

y allí estaba mi amor
buscando mis huellas
dejando las suyas
sin poder volver a las mías
esa mujer que siempre me sigue
que es mi sombra
siempre a una calle de mí


Volví
y sí
era mi casa
eran mis pasos
era yo
sólo los cielos
habían cambiado
las madrugadas
se arrugaron
El alba
se parecía a mi padre
y el sol amaneciendo
tenía los ojos de mi hermano
muerto al fin del camino
infinitamente volviendo
a su origen.

Háblame
por favor
pedí a mi padre
convénceme
por favor
hermano
dime
que las huellas
que estoy hoy dejando
en mis palabras
que la sombra de mis poemas
tienen sentido.

4. (Version française Rosa Ramos)

Je suis l’idiot
que voulait revenir
à cause des traces
laisses dans la boue

les pluies ont passé
maintenant je regarde
le sable
comme un fou
parlant
d’un cheval en or

je regarde mes yeux
pleurant comme une veuve vierge
une heure avant mourir
que son mari
est mort deux heures après le mariage

quand j’étais enfant
je regardais les plaques des voitures
j’en soustraie ou assemblait les numéros
pour les convertir en numéros palindromes
me semblait un acte inévitable

j’essayai toujours
de revenir par le même chemin
par lequel j’étais parti

le monde dépendait des mes pas
adolescent je regardais les filles
comme des chemins
sans retour
leur grottes me faisaient peur
elles redoutaient
mon intensité immédiate.

Oui
je suis revenu
en avion
mais n’avait pas trop de sens
ne pas revenir par le chemin
de l’allée

Oui
je suis revenu
et j’ai vu certaines traces
dans la mer entre le bords
de l’adolescence perdu
les traces on pris forme
de brontosaures
les archéologues
ne pouvaient pas imaginer
qu’elles étaient à moi

Je suis revenu
Oui
et mon amour était là
à la recherche de mes traces
laissant les siennes
sans pouvoir revenir aux miennes
cette femme que me suit toujours
que est mon ombre
elle est toujours à une rue de moi

Oui
Je suis revenu
et oui
c’était ma maison
c’étaient mes pas
c’était moi
seulement les cieux
avaient changé
les petits matins
se sont froissé
L’aube
ressemblait mon père
et le soleil se levant
avait les yeux de mon père
mort à la fin du chemin
infiniment revenant
à son origine.

Parle moi
s’il te plaît
demandes a mon père
convainques moi
s’il te plaît
frère
dis moi
que les traces
que je suis aujourd’hui
en mes paroles
que l’ombra de mes poèmes
on de sens.

3. (Original Mois Benarroch)

En mi exilio
con mi túnica
mis metralletas
mis fortunas
mis pistolas
mis negaciones
mis abstracciones
mis memorias
mis olvidos
mil recuerdos
mil nombres
mil consuelos
mil regaños
mil años
en mi exilio
maletas llenas de juguetes
maletas con asas rotas
en mi exilio
manos extendidas hacia mí
para desaparecer de pronto
zapatos no calzados
de pies no andados
en mi exilio
extraterrestre
en mi exilio
lleno de aviones
de barcos
de carreteras
lleno
de caminos anclados
en casas desaparecidas
en mi exilio
rezando y en cada poema
encontrando
otra casa y otro exilio
otro cariño
súbitamente congelado
mi exilio
es una memoria
mil veces borrada
inflada hinchada
explotada destruida
y mil veces
vuelve a flotar
desde el fondo del mar.

3. (Version française Rosa Ramos)

Dans mon exil
avec ma tunique
mes mitraillettes
mes fortunes
mes pistolets
mes négations
mes abstractions
mes mémoires
mes oublis
mille souvenirs
mille noms
mille consolations
mille réprimandes
mille ans
dans mon exil
valises pleines de jouets
valises avec des anses cassées
dans mon exil
mains tendues vers moi
pour disparaître bientôt
chaussures non chaussés
de pieds non marchés
dans mon exil
extraterrestre
dans mon exil
plein d’avions
des bateaux
des routes
plein
de chemins ancres
en maisons disparues
dans mon exil
priant et dans chaque poème
trouvant
un autre maison et un autre exil
une autre amour
subitement congelé
mon exil
est une mémoire
mille fois effacé
insufflé gonflé
exploité détruite
et mille fois
il à flotté
depuis le fond de la mer.