Tercera parte:
Mi exilio mi casa

1.

En mi exilio
las olas no tienen espuma
la orilla no tiene arena

En mi exilio
las horas tienen
mil minutos

En mi exilio
como un amputado
me rasco un dedo
que ya no existe

En mi exilio
los árboles no tienen raíces
y cada viento los hace caer
las casas no tienen techos
las lluvias penetran mi piel
llueve sobre mi Corazón
sobre mi estomago
sobre mis riñones
y sobre mis intestinos

En mi exilio
el sol me quema
los grados son grandes
como medias lunas

En mi exilio
mis hijos me hablan
en lenguas sagradas
que me suenan ajenas
mi mujer me pregunta
si quiero un té
si quiero salir
pero las calles
se vuelven
cada día más

salones volantes
sobre mares tempestuosos

En mi exilio
cuanto más soy yo
más ajeno soy a los otros
cuanto mejor me siento
más extranjero parezco

En mi exilio
ojos me miran
me señalan
me apuntan
en sus cuadernos

poetas
escriben sobre mí poemas
y no entienden de qué hablo

En mi exilio
personal
imaginado
y amputado
sagrado y malvado
las hojas
no caen en otoño
el invierno nunca se acaba

En mi exilio
extirpo memorias
para volver a crearlas
para poder
hacer camino
a una carretera
en la que la meta
se alarga
cada kilómetro viajado
se hacen dos para llegar

Es un camino exiliado
perdido entre dos ciudades
que quieren y no pueden
volver a ser habitadas.

Troisième partie:
Mon exile ma maison
(Version française Rosa Ramos)

1.

Dans mon exil
las vagues n’ont pas d’écume
le bord de mer n’a pas de sable

Dans mon exil
les heures on
mille minutes

Dans mon exil
comme un amputé
je me gratte un doigt
qui n’existe plus

Dans mon exil
les arbres n’ont pas de racines
et chaque vent les fait tomber
les maisons n’ont pas de toit
les pluies pénètrent dans ma peau
il pleut sur mon Coeur
sur mon estomac
sur mes reins
et sur mes intestins

Dans mon exil
le soleil brûle
les degrés sont grands
comme des demi lunes

Dans mon exil
mes enfants me parlent
dans langues sacrés
que je sens étrangères
ma femme me demande
si je veux un té
si je veux sortir
mais les rues
deviennent
à chaque jour plus

des salons volants
sur mers orageuses

Dans mon exil
plus je suis moi
plus étrange je suis pour les autres
quand je me sens le mieux
plus étranger je semble

Dans mon exil
des yeux me regardent
me signalent
me marquent
dans leurs cahiers

poètes
écrivent sur mes poèmes
et il ne comprennent pas de quoi je parle

Dans mon exil
personnel
imaginaire
et amputé
sacré et méchant
les feuilles
ne tombent pas en automne
l’hiver ne finit jamais

Dans mon exil
j’extirpe des mémoires
pour les recréer
pour pouvoir
faire un chemin
qui soit route
dans laquelle le but
s’allonge
chaque kilomètre devient deux
en voyageant
pour y arriver

C’est un chemin exilé
perdu entre deux viles
qui veulent et ne peuvent pas
être habités à nouveau.

País de locos (Original Mois Benarroch)

Si estas manos que abrazan a mi hija
pudieran abrazar al pasado
Si esta boca que besa a mi mujer
pudiera besar a Fátima
por ultima vez
cuando volvió de Bélgica
a visitarnos
y me trajo chocolates
Si estas piernas
pudiesen andar en el tiempo
para poder volver a beber
de nuevo
esa última taza de café con leche

Ultima-
mente
lo que hago es
fumar purillos
escuchando
las primeras
canciones
de Serrat
llorando

preguntándome
qué coño habré hecho
en mis vidas anteriores
para haber aterrizado
en este país de locos.

Pays de fous (Version française Rosa Ramos)

Si ces mains qu’étreignent ma fille
pouvaient serrer le passé
Si cette bouche qu’embrasse ma femme
pouvait embrasser Fátima
pour la dernière fois
quand elle est revenu de Belgique
nous visiter
et elle m’a amène des chocolats
Si ces jambes
pouvaient cheminer dans le temps
pour pouvoir boire encore
cette dernière tasse de café au lait
Dernièrement
ce que je fais c’est
fume des petits cigares
écoutant
les premières
chansons
de Serrat
en pleurant

me demandant:
Bordel,
qu’est-ce que j’ai fait
dans mes vies antérieures
pour avoir atterri
dans ce pays de fous.

El país de los relámpagos (Original Mois Benarroch)

En el país de los relámpagos
el negro se hace raro
precioso
el blanco desaparece en su blancura
y todo lo que encuentras son
cosas que no buscaste nunca
olvidas lo que buscabas
o para qué viniste
a esta casa de madera
quiénes eran tus abuelos
y qué buscaban ellos
en los lustres olvidados
en el son del trueno.

Le pays des éclairs (Version française Rosa Ramos)

Dans le pays des éclairs
le noir se fait rare
précieux
le blanc disparaît dans sa blancheur
et tout ce que tu trouves ce sont
des choses que tu n’as jamais cherché
t’oublies ce que tu cherchais
ou même le pourquoi t’es venu
à cette maison en bois
qui étaient tes grands-parents
et qu’est-ce qu’ils cherchaient
dans les lustres oublies
dans la cadence du tonnerre.