Para quien escribimos los poemas

(Original Mois Benarroch)

 No, no, que no

 No escribimos

para los que viven

escribimos para los muertos

y para los que no han nacido

todavía, 

para los muertos: para dar

sentido a sus vidas

a sus sufrimientos

a sus escalofríos

a sus muertes

para los que no han nacido: para

que sepan que por algún lado

en un pasado de locos

algún poema

sabía que todos eran

esclavos,

él también.

Pour qui écrivons-nous des poèmes (Version française Rosa Ramos- Jose Alloza)

Non, non, et non

Nous n’écrivons pas

pour les vivants

nous écrivons pour les morts

pour ceux pas encore nés

pour les morts: pour donner

du sens à leurs vies

à leurs souffrances

à leurs frissons

à leurs morts

pour ceux pas encore nés: pour

qu’ils sachent que quelque part

dans un passé de folie

un poème

savait qu’ils étaient des

esclaves,

lui aussi.

 

 

 

Amo a los hombres y les canto. (Original Gioconda Belli)

Amo a los jóvenes desafiantes jinetes del aire,

pobladores de pasillos en las Universidades,

rebeldes, inconformes, planeadores de mundos diferentes.

Amo a los obreros,

esos sudorosos gigantes morenos

 que salen de madrugada a construir ciudades.

Amo a los carpinteros que reconocen a la madera como a su mujer

 y saben hacerla a su modo.

Amo a los campesinos que no tienen más tractor que su brazo

 que rompen el vientre de la tierra y la poseen.

Amo, compasiva y tristemente,

a los complicados hombres de negocios

 que han convertido su hombría en una sanguinaria máquina de sumar

 y han dejado los pensamientos más profundos,

los sentimientos más nobles por cálculos y métodos de explotación.

Amo a los poetas -bellos ángeles lanzallamas- que inventan nuevos mundos

 desde la palabra y que dan a la risa y al vino su justa y proverbial importancia

que conocen la trascendencia de una conversación tranquila bajo los árboles,

a esos poetas vitales que sufren las lágrimas y van y dejan todo

 y mueren para que nazcan hombres con la frente alta.

Amo a los pintores -hombres colores- que guardan su hermosura para nuestros ojos

y a los que pintan el horror y el hambre para que no se nos olvide.

Amo a los solitarios pensadores los que existen más allá del amor

 y de la comprensión sencilla los que se hunden en titánicas averiguaciones

 y se atormentan día y noche ante lo absurdo de las respuestas.

A todos amo con un amor de mujer, de madre, de hermana,

con un amor que es más grande que yo toda,

que me supera y me envuelve como un océano donde todo el misterio se resuelve en espuma…

 Amo a las mujeres desde su piel que es la mía.

A la que se rebela y forcejea con la pluma y la voz desenvainadas,

a la que se levanta de noche a ver a su hijo que llora, a

 la que llora por un niño que se ha dormido para siempre,

a la que lucha enardecida en las montañas,

a la que trabaja -mal pagada- en la ciudad,

a la que gorda y contenta canta cuando echa tortillas en la pancita caliente del comal,

a la que camina con el peso de un ser en su vientre enorme y fecundo.

A todas las amo y me felicito por ser de su especie.

Me felicito por estar con hombres y mujeres aquí bajo este cielo,

sobre esta tierra tropical y fértil, ondulante y cubierta de hierba.

Me felicito por ser y por haber nacido,

por mis pulmones que me llevan y me traen el aire,

porque cuando respiro siento que el mundo todo entra en mí y sale con algo mío,

 por estos poemas que escribo y lanzo al viento para alegría de los pájaros,

 por todo lo que soy y rompe el aire a mi paso,

por las flores que se mecen en los caminos

 y los pensamientos que, desenfrenados, alborotan en las cabezas,

por los llantos y las rebeliones.

Me felicito porque soy parte de una nueva época

 porque he comprendido la importancia que tiene mi existencia,

la importancia que tiene tu existencia, la de todos,

la vitalidad de mi mano unida a otras manos,

de mi canto unido a otros cantos. P

orque he comprendido mi misión de ser creador,

de alfarera de mi tiempo que es el tiempo nuestro,

quiero irme a la calle y a los campos,

a las mansiones y a las chozas a sacudir a los tibios y haraganes,

a los que reniegan de la vida y de los malos negocios,

 a los que dejan de ver el sol para cuadrar balances,

a los incrédulos, a los desamparados,

a los que han perdido la esperanza,

a los que ríen y cantan y hablan con optimismo;

quiero traerlos a todos hacia la madrugada,

traerlos a ver la vida que pasa con una hermosura dolorosa y desafiante,

la vida que nos espera detrás de cada atardecer

 -último testimonio de un día que se va para siempre, que sale del tiempo y que nunca volverá a repetirse-.

Quiero atraer a todos hacia el abrazo de una alegría que comienza,

de un Universo que espera que rompamos sus puertas con la energía de nuestra marcha incontenible.

Quiero llevaros a recorrer los caminos por donde avanza -inexorable- la Historia.

Porque los amo quiero llevarlos de frente a la nueva mañana,

mañana lavada de pesar que habremos construido todos.

Vámonos y que nadie se quede a la zaga,

que nadie perezoso, amedrentado, tibio,

habite la faz de la tierra para que este amor tenga la fuerza de los terremotos,

de los maremotos, de los ciclones, de los huracanes

 y todo lo que nos aprisione vuele convertido en desecho

 mientras hombres y mujeres nuevos van naciendo

 erguidos luminosos como volcanes…

Vámonos

 Vámonos

Vámonoooos!!!

J’AIME LES HOMMES ET JE LEUR CHANTE (Version française Rosa Ramos et Sonia Soriano)

J’aime les jeunes
provocateurs cavaliers de l’aire,
habitants des couloirs des Universités,
…rebelles, anticonformistes, projecteurs de mondes différents.

J’aime les ouvriers,
ses bruns géants en sueur
qui sortent à l’aube pour construire des villes.

J’aime les charpentiers
qui reconnaissent les bois comme leur propre femme
et qui savent comment la modeler a son gout.

J’aime les paysans
pour qui leur bras est leur tracteur
qui cassent le ventre de la terre et la possèdent.

J’aime, compatissante et triste, aux complexes
hommes d’affaires
qui ont transformé leur virilité en sanguinaire
machine à additionner
et on échange les pensées les plus profondes, les
sentiments les plus nobles
par calculs et méthodes d’exploitation.

J’aime les poètes – beaux anges lance-flammes –
qu’inventent de nouveaux mondes à partir de la parole et qui donnent au rire et au vin leur juste et proverbiale importance.
qui reconnaissent l’importance d’une conversation
tranquille sous les arbres,
a ses poètes vitales qui souffrent les larmes et d’un coup
laissent tout et ils meurent
pour qui naissent des hommes qui puissent hausser la tête.

J’aime les peintres – hommes aux coloris –
qui conservent leur beauté pour nos yeux
et à ceux qui peignent l’horreur et la famine
pour pas que l’on oublie.

J’aime les penseurs solitaires
ceux qui existent plus loin de l’amour et de la simple compression
ceux qui plongent dans des enquêtes titaniques
et que jour et nuit sont tourmentés devant l’absurdité des réponses.

Je les aime tous avec un amour de femme, de mère, de sœur,
un amour qui est plus grand que moi toute entière
qui me dépasse et qui m’entoure comme un océan
ou tout le mystère est résolu avec l’écume…

J’aime les femmes à partir du fait que leur peau est la mienne.
A celle qui se rebelle et se débat avec une plume et une voix dégainées,
a celle qui se lève la nuit pour voir son enfant qui pleure,
a celle qui pleure pour enfant qui c’est endormi pour toujours,
a celle qui lutte échauffe dans les montagnes,
a celle qui travaille -mal payé- dans la ville,
a celle qui grosse et heureuse chante quand fait ses « tortillas »
dans le ventre chaud du poêle,
a celle qui marche avec le poids d’un être dans son ventre
énorme et fécond.
Je les aime toutes et je me félicite pour être de leur espèce.
Je me félicité pour entre avec des hommes et des femmes
sous ce ciel, sur cette terre tropical et fertile,
ondulante et couverte d’herbe.
Je me félicité pour être et pour naitre,
pour mes poumons qui me portent et m’amènent l’aire,
parce que quand je respire je sens que le monde entier rentre Dans moi
et sort avec quelque chose de moi,
pour ces poèmes que j’écris et je lance au vent
pour le bonheur des oiseaux,
pour tout ce que je suis et cassé l’aire à chaque un des mes pas,
pour les fleurs qui se bercent aux chemins
et les pensées qui, débridées, chahutent dans les têtes,
pour les pleurs et les rebellions.
Je me félicite parce que je fais partie d’une époque nouvelle
parce que j’ai compris l’importance de mon existence,
l’importance de ton existence, celle de touts,
la vitalité de ma main attaché à d’autres mains,
de mon chant lié a d’autres chants.
Parce que j’ai compris ma mission d’être créateur,
potier de mon temps que c’est le notre,
je veux aller dans la rue et dans les champs,
dans les demeures et dans les huttes
pour secouer les tièdes et les fainéants,
à ceux qui renient de la vie et des mauvais affaires,
à ceux qui s’arrêtent de regarder le soleil pour cadrer bilans,
aux incrédules, aux délaisses,
à ceux qui on perdu l’espoir,
à ceux qui rient et chantent et parlent avec optimisme;
je veux les amener tous à petit matin,
les amener voir la vie qui passe
avec une beauté douloureuse et défiante,
la vie qui nous attends après chaque tombée du jour
-dernier témoignage d’une journée qui s’en va a tout jamais,
qui sort du temps et que plus jamais ne reviendra-.
Je veux attirer tout le monde vers l’embrassade d’une joie qui commence,
d’un Univers qui attends que l’on brise ses portes
avec l’énergie de notre cours irrépressible.
Je veux les amener parcourir les chemins
là ou -inexorable- l’Histoire avance.
Parce que je les aime je veux les amener tout droit vers le nouveau matin,
demain lavé du chagrin que nous tous aurons construit.

Allons-y et que personne ne reste à la traine,
que aucun paresseux, effrayé, tiède, n’habite plus sur terre
pour que cet amour aie la force des tremblements de terre,
des raz des marées,
des cyclones, des ouragans
et que tout ce qui nos emprisonne s’envole transforme en déchet
tandis que hommes et femmes nouveaux
naissent dressés
lumineux
comme des volcans…
Allons-y
Allons-y
Allon-yyyyy!