Un pasado futuro (Original Mois Benarroch)

Y esto que pasó
Hace ya cinco años
Gané un premio literario
Con un manuscrito
Corregido
Por tus ojos
Y te compré un anillo de oro
Con un rubí
¿Te gustan los rubíes?
Y cuando me diste las gracias
¿Cómo se puede dar tanto?
Sabíamos los dos que nunca te lo pondrías
Y que alguien lo heredará
Creyendo que es una simple
Piedra preciosa
Sin saber su historia
Sin saber
El color de nuestras memorias.

Un passé future(Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

Ce qui c’est passé
Il y à déjà cinq ans
J’ai gagne un prix littéraire
Avec un manuscrit
Corrigé
Par tes yeux
Et je t’ai acheté une alliance en or
Avec un rubis
Est-ce que tu aimes les rubis?
Et quand tu m’as dit merci
Comment peut-on donner autant?
Nous savions tout les deux que jamais tu ne le mettrais
Et que quelqu’un va l’hériter
Croyant que ce n’est-ce que une simple
Pierre Précieuse
Sans savoir son histoire
Sans savoir
La couleur de nos mémoires

No entiendo Original Mois Benarroch

No entiendo este mundo en el que no estamos juntos
Entiendo mejor las guerras, los genocidios, los terremotos
Nosotros, que somos unidad
Y que vivimos en la distancia de la materia
No entiendo el sentido de la nube sin lluvia.

No entiendo para qué sirven las palabras
Si no nos pueden unir
Si los mares que nos separan son
Más fuertes que ellas.

No entiendo la distancia en la unidad del corazón
Ni como baten los barcos cuando el naufragio es una mentira
Mientras nuestra distancia es la que crea
Las guerras y todos los desastres humanos.

No entiendo qué sentido tiene el mundo en la noche estrellada
Cuando estás lejos de mí y miras las mismas estrellas.
Ni para qué se molestó Dios en crearlo
Tan sin sentido, tan inhumano

Je ne comprends pas (Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

Je ne comprends pas ce monde dans lequel nous ne sommes pas ensemble
Je comprends mieux les guerres, les génocides, les tremblements.
Nous, que sommes unité
nous vivons dans la distance de la matière
Je ne comprends pas les sens du nuage sans pluie.

Je ne comprends pas à quoi servent les paroles
Si elles ne peuvent pas nous unir
Si les mers qui nous séparent sont
Plus fortes qu’elles.

Je ne comprends pas la distance dans l’unité du coeur
Ni comment battent les bateaux quand le naufrage est un mensonge
Tandis que notre distance est celle que crée
Les guerres et touts les désastres humains.

Je ne comprends pas quel sens a le monde dans la nuit étoilé
Quand tu es loin de moi et regardes les mêmes étoiles
Ni pour quoi Dieu c’est embêté à créer
Cette absurdité, si inhumaine

La Hípica (Original Mois Benarroch)

Tráeme, tráeme un cuchillo frontal.
Sustrae hojas perdidas para siempre
poemas cortados por ruidos
y semejantes,

Tráeme, tráeme un caballo cabal
una monja marroquí, los ojos
perdidos del mendigo en frente de la escuela
y ponte a correr hacia la clase

Tráeme, tráeme una portera postrera
un camino que pasa por Xauen
las espinas de lenguados enormes
y después échame, échame al mar
o a la piscina de la hípica, allí
me esperan las memorias olvidadas, el miedo.

Caballos

Y
Vendrán, vendrán corriendo
cabalgando
caballos azules negros y grises
caballos olvidados
caballos de todos los siglos
vendrán
a aplastar cuanto vean
todo
hombres mujeres y niños
y burros y zorros y perros y gatos
Vendrán
más y más caballos
y nadie podrá pararlos
ni bombas atómicas
ni gases ni química ni virus
serán los caballos más fuertes que existieron
caballos que recuerdan todas
las injusticias hechas y por hacer
y el hombre se preguntará
por qué en mi tiempo
por qué mi casa
por qué mi familia y mis hijos
y nadie podrá responder
los caballos azules, los caballos celestes
esos serán los peores
acabarán con inmuebles de doscientos pisos
destruirán tanques y aviones
soplando sobre ellos
y el presidente calmará
y los especialistas analizarán
y los televisores hablarán
pero nada ayudará
vendrán más y más caballos
de ningún lado
caballos que aparecen de pronto
en frente de gente andando por las calles
y tú, en la cama, me mirarás
desesperada, esperando mi rescate
te miraré y de pronto me
convertiré en
caballo rojo.

L’Hippique (Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

Amène-moi, amène-moi un couteau frontal.
Soustrait des feuilles perdues à tout jamais
des poèmes découpés par des bruits
et des choses semblables,

Amène-moi, amène-moi un cheval complet
une marocaine religieuse, les yeux
perdus du mendiant en face de l’école
et vas-y cours vers la classe.

Amène-moi, amène-moi une concierge ultérieure
un chemin qui passe à Chefchaouen
les épines des énormes soles
et après jette-moi, jette-moi à la mer
o a la piscine de l’hippique, là-bas
m’attendent les mémoires oubliées, la peur.

Des chevaux

Et
Viendront, viendront en courant
chevauchant
des chevaux bleus noirs et gris
des chevaux oublies
des chevaux de touts les siècles
viendront
écraser tout ce qu’ils voient
tout
hommes femmes et enfants
et ânes et renards et chiens et chats
Viendront
de plus en plus de chevaux
et personne ne pourra les arrêter
ni bombes atomiques
ni des gazes ni chimiques ni virus
seront les chevaux plus forts qui ont existé
chevaux qui rappellent toutes
les injustices faites et à faire
et l’homme se demandera
pour quoi dans mon temps
pour quoi chez moi
pour quoi ma famille et mes enfants
et pour quoi personne peut répondre
les chevaux bleus, les chevaux ciel
ceux là seront les pires
finiront avec immeubles de deux cents étages
détruiront des tanks et des avions
soufflant sur eux
et le président rassurera
et les spécialistes analyseront
et les télévisions parleront
mais rien n’aidera
viendront de plus en plus des chevaux
sortis de nulle part
chevaux qui arriveront d’un coup
en face des gens marchant dans les rues
y toi, sur le lit, tu me regarderas
désespéré, espérant mon sauvetage
et regarderais et d’un coup je me
transformerait en
cheval rouge.

El Futuro (Original Mois Benarroch)

El futuro es la acera de enfrente
el hombre que viene hacia ti
la mujer que no te ve
el autobús tomando a la izquierda
el avión que no aterriza en su aeropuerto
las luces apagadas.

La gitana

En cada puerto me espera
una gitana manca
con un bebé circuncido
y yo no llego por más que intento
porque las olas son de sangre
y la espuma es una ventana
que me lleva a otra ola
que me lleva a otro mar
que me lleva a una orilla desierta
a un desierto sin agua
y en cada puerto me espera una manzana
y un reloj estropeado que marca las horas
en una mano que ya no existe.

L’Avenir (Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

L’avenir c’est le trottoir d’en face
l’homme qui viens vers toi
la femme qui ne te vois pas
le bus qui tourne à gauche
et l’avion qui n’atterris pas dans son aéroport
les lumières éteintes.

La gitane

À chaque port m’attends
une gitane manchote
avec un bébé circoncis
et moi, même en essayant je n’arrive pas à temps
parce que les vagues sont de sang
et l’écume est une fenêtre
qui me mène a une autre vague
qui me mène a une autre mer
qui me mène a une rive déserte
à un désert sens eaux
et à chaque port m’attends une pomme
et une montre abîmé qui marque les heures
dans une main qui n’existe plus.

APOGEO  DEL  MEDIODÍA (Original José Vidal Valicourt)

Tan  sólo  quedan  los  desperdicios  de  una  biografía.  Aquel  resquicio  de luz  desembocaba  sin  remedio  en  la  noche.  En  una  noche  que  no  era un  mero  paréntesis  del  día,  un  simple  descanso  de  las  horas  lectivas, sino  que  pertenecía  a  la  lógica  del  vacío,  al  umbral  infinito  que  anuncia la  destrucción  de  las  certezas.  Por  vez  primera  sentiste  cómo  la escritura,  tu  vida,  se  desangraba  en  el  centro  asesino  de  aquel  mediodía.  Tan  sólo  te  quedaba  la  dudosa  complicidad  de  los  espejos  en aquella  habitación  sin  sombras.

Desnudo  y  vulnerable,  esperabas  la llegada  de  algún  testigo  que  certificara  tu  soledad.  Alguien  que pronunciase,  sin  pompa,  la  sentencia:  “estás  solo  en  el  mundo.”  Ella,  que  desapareció  por  un  intersticio  de  tu  escritura,  te  espera  ahora  a  la salida  de  este  poema.

APOGEU DEL MIGDIA (Versió catalana Rosa Ramos)

Només queden les deixalles d’una biografia. Aquella resquícia de llum desbocada sense remei a la nit. En una nit que no era una  mera parèntesi del dia, un simple descans de les hores lectives, sinó que pertanyia a la lògica del buit, al llindar infinit que anuncia la destrucció de les certeses. Per primera vegada sentires com l’escriptura, la teva vida, es dessagnava en el centre assassí del migdia.  Tan sols et quedava la dubtosa complicitat dels espills en aquella habitació sense ombres.

Nu i vulnerable, esperaves l’arribada d’un testimoni que certifiques la teva solitud. Algú que pronuncies, sense pompes, la sentencia: “estàs tot sol en aquest món”. Ella que desaparegué en un interstici de la teva escriptura, t’espera ara a la sortida d’aquest poema.

APOGÉE DU MIDI (Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

Seulement restent les gaspillages d’une biographie. Cette lueur de lumière débouche sans remède dans la nuit. Dans une nuit qui n’était pas une simple parenthèse du jour, un simple repos des heures scolaires, mais qui appartenait a la logique du vide, au seuil infinie qui annonce la destruction des certitudes. Pour la première fois tu as senti comment l’écriture, ta vie, se saignait dans le centre assassin de ce midi. Seulement te restait la douteuse complicité des miroirs dans cette chambre sans ombres.

Nu et vulnérable, t’attendais l’arrivée d’un témoin qui certifie ta solitude. Quelqu’un qui prononce, sans pompes, la sentence : « tu es tout seul dans le monde ». Elle, qui avait disparut dans une fente de ton écriture, t’attends maintenant à la sortie de ce poème.

Para comprar el original: http://www.agapea.com/libros/ZONA-DE-NADIE-isbn-8488956800-i.htm

EL  IDILIO (Original José Vidal Valicourt)

La  escritura  se  desliza  por  su  cuerpo.  El  poema,  al  principio  reticente, te  embarca  en  una  aventura  de  la  que  te  costará  salir.  Levantas  los ojos  del  poema  haciéndose,  y  ves  la  farmacia  parpadeante.  El  eterno dilema: remedio  o  veneno.  La  noche  es  un  amontonamiento  de  proyectos  que  se  van  poco  a  poco  diluyendo.  La  escritura  se  detiene ante  una  aduana  remota,  una  frontera  apenas  visible.  “No  tengo  nada que  declarar”,  balbuceas.  Traspasas  el  umbral  con  las  manos  vacías.

Sospechan  de  ti.  Ella  vuelve  a  deambular  por  el  poema.  Lo  va deformando.  Tú  querías  introducir  un  silencio  en  la  escritura,  un  hueco por  donde  pudieses  escaparte  sin  ser  percibido.  Pero  estás  haciendo  demasiado  ruido,  y  ella  persiste  en  adueñarse  de  los  adjetivos  y  de  los nombres  propios.  Por  un  instante,  piensas  que  estás  acabado,  quesería  mucho  mejor  solventar  el  problema  con  un  verso  fuera  de  tono.

Desde  el  interior  del  poema  se  elevan  lamentos,  desgarraduras,  una sinfonía  de  gatos  locos  o  de  violines  en  celo.  Ahora  suspiras  por  un sistema  cartesiano  que  limpie  de  residuos  esta  olla  de  grillos,  esta polifonía  histérica  para  imponer  una  sola  voz.  Ella  se  insinúa  de  nuevo, pálida  como  una  monja  o  como  una  geisha  (eso  ya  no  lo  sabes,  eso  ya  no  estás  en  condiciones  de  saberlo).  El  poema  encalla.  No  hay  más palabras  que  acudan  en  tu  auxilio.  Escribes,  pero  sólo  estás  empezando a  morir.

EL IDIL·LI (Versió catalana Rosa Ramos)

L’escriptura llisca pel seu cos. El poema, al principi reticent, t’embarca en una aventura de la que et costarà sortir. Aixeques els ulls del poema fent-se, i veus la farmàcia parpellejant. L’etern dilema: remei o  verí. La nit és un apilonament de projectes que es van diluint poc a poc. L’escriptura és deté davant una duana remota, una frontera quasi bé invisible. “No tinc rés per declarar”, balbuceges. Traspasses el llindar amb les mans buides.

Sospiten de tu. Ella torna a deambular pel poema. El va deformant. Tu volies introduir un silenci dins l’escriptura un forat pel que poguessis escapar-te sense ésser apercebut.

Però estàs fent massa soroll, i ella persisteix en apoderar-se dels adjectius i dels noms propis. Per un instant, penses que estàs acabat, que seria molt millor liquidar el problema amb un vers fora de to.

Des del interior del poema se solleven laments, esquinços, una simfonia de moixos esbojarrats o de violins en cel. Ara sospires per un sistema cartesià que netegi de residus aquesta olla de grills, aquesta polifonia histèrica per imposar una sola veu. Ella s’insinua una altre vegada, pàl·lida com una monja o una geisha (això ja no ho saps, això ja no estàs en condicions de saber-ho) El poema encalla. No hi ha més paraules que corrin al teu auxili. Escrius, però només estàs començant a morir.

L’IDYLLE (Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

L’écriture se glisse par son corps. Le poème, au début réticent, t’embarque dans une aventure dans laquelle en sortir va te coûter. Tu lèves les yeux du poème ce faisant, et tu vois la pharmacie cillant. Le éternel dilemme: remède ou venin. La nuit est un empilement de projets qui petit à petit se diluent. L’écriture se stoppe devant une douane lointaine, une frontière à peine visible. « Je n’ai rien à déclarer », tu gazouilles.

Tu franchises le seuil avec les mains vides.

Ils te soupçonnent. Elle revient pour déambuler de par le poème. Elle le déforme. Tu voulais introduire un silence dans l’écriture, un fossé où tu puisses t’échapper sens être remarqué. Mais tu fais trop de bruit, et  elle persiste en s’approprier des adjectifs et des noms propres. Pour un instant, tu penses que tu es fini, qu’il serait mieux venir à bout du problème avec un vers hors du ton.

Depuis l’intérieur du poème s’élèvent des lamentations, déchirures, une symphonie de chats fous ou des violons en rut. Maintenant tu soupires à cause d’un système cartésien que nettoie de résidus cette cour du roi Pètaud, cette polyphonie hystérique pour imposer une seule voix. Elle se insinue a nouveau, pale comme une bonne sœur ou une geisha (cela tu ne le sais déjà pas, cela tu n’est plus en conditions de le savoir)

Le poème échoue. Il n’y à plus de paroles qui viennent à l’aide. Tu écris, mais seulement tu commences à mourir.

EL  RELATO  IMPOSIBLE  (Original José Vidal Valicourt)

Ella  se  asoma  a  la  esquina  de  la  página.  Su  figura,  diminuta,  avanza hacia  ti.  Pronto  la  verás  de  cerca,  maquillada  como  una  actriz  japonesa, ofreciéndote  su  cuerpo  pálido.  Antes  de  que  sea  demasiado  tarde,  tendrás  que  apurarte  para  dar  término  a  este  relato.  En  los  márgenes  del  texto  murmuran  unos  personajes  que  solicitan  su  entrada,  su derecho  a  intervenir  en  la  trama.  Tratas  de  convencerles  de  que  ya  no existe  trama  alguna,  de  que  la  narración  ya  no  pertenece  al  tiempo usual  de  la  escritura.

El  presente,  les  dices,  es  sólo  una  acumulación de  espacios  soñados  y  tiempos  que  agonizan  para  organizarse  de  otro modo.

Hay  un  compás  de  espera.  Ella,  sin  dejar  de  bostezar  y  con  una lentitud  que  te  excita,  se  deshace  de  su  kimono  blanco.  Estás  paralizado  entre  lo  que  ya  no  puede  ser  y  lo  que  ya  ha  sido.  Navegas  el  relato.  Ella  se  aproxima  a  su  centro  neurálgico  para  hacerlo  añicos,  para  instaurar  en  el  interior  del  texto  la  mecánica  del  desastre.

EL RELAT IMPOSSIBLE (Versió catalana Rosa Ramos)

Ella s’aboca a la cantonada del pàgina. La seva figura, diminuta, avança vers tu.

Aviat la veuràs de prop, maquillada com una actriu japonesa, oferint-te el seu cos pàl·lid. Abans que sigui massa tard, tindràs que frissar per donar per acabat aquest relat.

En els marges del text murmuren uns personatges que sol·liciten la seva entrada, el seu dret a intervenir a la trama. Tractes de convèncer-los de que ja no existeix cap trama, de que la narració ja no pertany al temps usual de l’escriptura.

El present, els dius, és només una acumulació d’espais somiats i temps que agonitzen per organitzar-se d’una altre manera.

Hi ha un compàs d’espera. Ella, sense deixar de badallar i amb una lentitud que t’excita, és desfà del seu kimono blanc. Estàs paralitzat entre el que ja no pot ser i el que ja ha estat. Navegues el relat. Ella s’aproxima al seu centre neuràlgic per fer-lo miques, per instaurar al interior del text la mecànica del desastre.

LE RÉCIT IMPOSSIBLE (Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

Elle se penche dans le coin de la page. Sa figure, minuscule, avance vers toi.

Bientôt tu la verras plus près, maquillée comme une actrice japonaise, en te offrant son corps pale. Avant qu’il soit trop tard, il te faudra te hâter pour mener à bien ce récit.

Dans les marges du texte murmurent des personnages qui sollicitent leur entrée, son droit à intervenir dans la trame. Tu essaies de les convaincre que il n’existe pas de trame, que la narration n’appartient plus déjà au temps habituel de l’écriture.

Le présent, tu leur dit, est seulement une accumulation d’espaces rêvés et des temps qui agonisent pour s’organiser d’une autre façon.

Il y à un une mesure d’attente. Elle, sans arrêter de bailler et avec une lenteur qui t’excite, se défait de son kimono blanc. Tu es paralysé entre ce qui ne peut plus être et puis ce qui a déjà été. Tu navigues dans le récit. Elle s’approche à son centre névrotique pour l’émietter, pour instaurer au intérieur du texte la mécanique du désastre.

SEIS  BAGATELAS  PARA  UN  CUARTETO  DE  CUERDA

(Original José Vidal Valicourt)

La  caravana  mortuoria  bajo  el  sol  del  cementerio.  Los  amplios frigoríficos  cerrados  al  vacío.  Silencios  demorados  de  Anton  Webern.

El  largo,  interminable  padrenuestro.  Duele  meter  el  contrabajo  en  la  fosa común.  El  rascado  de  palas  y  espátulas,  la  tenaz  percusión  del  pico  y la  ronca  blasfemia  de  los  albañiles  bajo  el  sol  atronador  del  mediodía.

Pensamos  en  el  fuego:  un  contrabajo  incendiado  es  siempre  más  digno que  un  contrabajo  sepultado.  Las  cigarras  no  han  faltado  a  la  cita.

Todos  lloramos  detrás  de  nuestras  gafas  negras.  Es  un  llanto  callado  y sin  ojos.  El  cementerio  nos  recuerda  a  una  ciudad  norteafricana.

Pensamos  en  túneles  que  conectan  con  míseros  descampados,  con solares  propicios  al  crimen.  Cuánta  piedra  para  la  siesta  eterna,  cuánta montaña  convertida  en  lápida.  Aparecen  por  fin  las  cuerdas  que sostendrán  al  cadáver  en  su  descenso.  “Pero  el  contrabajo  es  tan  grande.  Habrá  que  astillarlo.”  Y  así,  hacha  en  mano,  procedes  al  desbaste.  El  lamento  de  la  madera  es  inenarrable.  Suena  Anton  Webern distorsionado.  Sobre  los  añicos  del  instrumento,  depositas  el  arco.

Luego,  sin  decir  palabra,  la  comitiva  se  va  dispersando.  Hay  pésames distantes,  llantos  reprimidos  y  alguna  que  otra  reverencia.  El  sol  muerde.

El  luto,  como  una  mancha  de  miedo,  avanza  en  sigilo  por  la  explanada.

SIS BAGATEL·LES PER UN QUARTET DE CORDA

(Versió catalana Rosa Ramos)

La caravana mortuòria sota el sol del cementiri. Els amplis frigorífics tancats al buit. Silencis demorats de Anton Webern.

El llarg, interminable parenostre. Ficar el contrabaix a la fossa comú fa mal.

El fregat de pales i espàtules, la tenaç percussió del pic i la ronca blasfèmia dels paletes sota el sol tronador del migdia.

Pensem en el foc: un contrabaix incendiat és sempre més digne que un contrabaix sepultat.

Les cigales no han faltat a la cita. Tots plorem darrera les nostres ulleres negres. Es un plor callat i sense ulls. El cementiri ens recorda a una ciutat nord africana.

Pensem en els túnels que connecten amb mísers descampats, amb solars propicis al crim. Quanta pedra per la migdiada eterna, quanta muntanya convertida en làpida.

Apareixen per fi les cordes que sostindran al cadàver en el seu descens.

“Però el contrabaix és tan gran. L’haurem d’estellar.” I així, destral a la mà, procedeixes al desbast. El lament de la fusta és inenarrable. Sona Anton Webern distorsionat. Sobre el instrument esmicolat, diposites l’arc.

Desprès, sense dir una paraula, la comitiva és va dispersant. Hi ha condols distants, plors reprimits i alguna que altre reverencia. El sol mossega.

El dol, com una taca de por, avança sigil·losament per l’esplanada.

SIX BAGATELLES POUR UN QUATUOR À CORDES

 (Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

La caravane mortuaire sous le soleil du cimentière. Les larges morgues fermés au vide. Silences différés d’Anton Webern.

Le long, interminable Nôtre Père. Mettre la contrebasse dans la fosse commune est douloureux.

Le frôlement des pales et spatules, la tenace percussion du pic et le blasphème rauque des maçons sous le soleil assourdissant du midi.

Nous pensons au feu. Une contrebasse incendiée est toujours plus digne qu’une contrebasse ensevelie.

Les cigales n’ont pas manqué le rendez-vous. Nous tous nous pleurions derrière nos lunettes noires. C’est un pleur silencieux et sans yeux le cimentière nous rappelle une ville nord africaine.

Nous pensions à des tunnels qui se rallient avec des terrains découverts miséreux, avec un terrain vague propice au crime. Quand bien pierres pour une sieste éternelle, quand bien de montagnes transformées en pierres tombales.

Apparaissent en fin les cordes qui soutiendrant le cadavre dans sa descente. « Mais la contrebasse est si grande. Il va falloir la briser » Et comme ça, hache à la main, tu procèdes au dégrossissement. Les lamentations du bois sont innombrables. Anton Weber se fait entendre dénaturé. Sur les  miettes de l’instrument, tu déposes l’archet.

Puis, sans dire un mot, le cortège se disperse. Il y à des condoléances distantes, pleurs refoulés et quelques révérences. Le soleil mord.

Le deuil, comme une tâche de peur, avance discrètement sur l’esplanade.

ALUCINACIÓN  CHINA (Original José Vidal Valicourt)

Hojeas  el  periódico:  un  tanque  amenaza  con  aplastar  a  un  hombre en  la  plaza  de  Tiananmen.  No  acabas  de  creértelo.  Algo  se  está quebrando,  el  suelo  que  cede,  una  grieta  que  se  abre,  un  dolor  punzante  que  te  atraviesa  limpiamente  las  costillas  para  depositar su  plomo  en  el  centro  de  tu  estómago.  China  está  lejos,  pero  el  tanque se  encuentra  debajo  de  tu  nariz  helada.  Le  ordenas  que  dispare.  Crees   perder  el  conocimiento,  aunque  ganas  una  visión:  te  ves  a  lomos  de la Gran  Muralla,  intentando  saltarla.  No  puedes  contabilizar  la  duración exacta  de  la  caída.  Al  otro  lado  te  esperan  más  soldados.  Cuando  por fin  te  estrellas  contra  el  suelo,  ya  no  estás  vivo,  pero  tampoco  muerto.

Es  un  estado  que  no  puedes  describir  con  precisión.  Es  como  si  tu  vida estuviese  muerta  o  tu  muerte  fuese  un  mal  simulacro,  una  especie  de visión  de  conjunto,  una  sabiduría  que  te  permitiera  hablar  como  un desaparecido,  como  un  ser  invisible.  Los  gritos  de  los  guardianes  no consiguen  arredrarte.  Más  bien  te  producen  una  hilaridad  a  todas  luces temeraria.  No  los  odias.  Los  compadeces.  Ellos  saben  que  su  trabajo les  degrada.  Durante  la  escalada  el  sol  ha  batido  como  un  gong  de  luz absoluta  sobre  tu  cabeza.  Esperas  con  resignación  el  tiro  de  gracia  que te  destroce  la  columna  vertebral  o  te  perfore  la  nuca.  Todavía  puedes  oír  sus  dedos  nerviosos  jugueteando  con  el  gatillo  de  las  pistolas  y unas  palabras  que  no  comprendes.  Convocando  unas  fuerzas  que  creías inertes,  te  incorporas  y  echas  a  correr  montaña  abajo,  esperando  de nuevo  el  tableteo  de  las  ametralladoras,  un  dolor  agudo  en  la  espalda o  en  el  centro  exacto  de  tu  cerebro.  Pero  nadie  dispara,  nadie  grita, nadie  da  órdenes  de  capturar  al  fugitivo.  Lo  único  que  oyes  son  tus risas.  Te  adentras  en  una  vaguada  asfixiante,  superas  lomas  sarnosas, colinas  calcinadas,  te  agotas  en  campos  estériles,  en  arroyos  secos,  resbalas  y  te  caes  y  te  vuelves  a  incorporar  como  un  autómata.  El cañón  del  tanque  te  acaricia  ahora  los  párpados,  la  nuez  que  se  abulta  en  tu  cuello,  desciende  por  tu  pecho  dibujando  círculos  concéntricos.

Sigues  hojeando  el  periódico:  tras  una  serie  de  noticias  banales  descubres,  en  las  últimas  páginas,  la  esquela  de  Elsa.

 

AL·LUCINACIÓ CHINESA (Versió catalana Rosa Ramos)

Fulleges el diari: un tanc amenaça amb aixafar a un home a la plaça de Tiananmen. No acabes de creure-t’ho. Alguna cosa s’està fent fallida, el terra cedeix, una escletxa que s’obre, un dolor punxant que t’entravessa netament les costelles per dipositar el seu plom en el centre del teu estomac.La Xinaés lluny, però el tanc es troba sota el teu nas gelat. Li ordenes que dispari. Creus perdre el coneixement, encara que guanyes una visió: et veus a lloms dela Gran Muralla, intentant saltar-la. No pots comptabilitzar la duració exacta de la caiguda.

A l’altre costat t’esperen soldats. Quan a la fi t’estavelles contra el sòl, ja no ets viu, però tampoc mort.

Es un estat que no pots descriure amb precisió. Es com si la teva vida estigues morta o la teva mort fos un simulacre dolent, una espècie de visió de conjunt, una saviesa que et permetés parlar com un desaparegut, com un ésser invisible. Els crits dels guardians no aconsegueixen estamordir-te. Més aviat et produeixen una hilaritat clarament temerària. No els odies. Els compadeixes. Ells saben que la seva feina els degrada. Durant la escalada el sol ha batut com un gong de llum absoluta sobre el teu cap.

Esperes amb resignació el cop de gracia que et destrossi la columna vertebral o et perfori la nuca. Encara pots sentir els seus dits nerviosos jugant amb el gallet de les pistoles i unes paraules que no entens. Convocant unes forces que creies inertes, t’incorpores i et poses a córrer muntanya avall, esperant una altre vegada el esclafit de les metralladores, un dolor agut a la esquena o en el centre exacte del teu cervell. Però ningú dispara, ningú crida, ningú dona ordres de capturar al fugitiu. L’únic que sents son els teus riures. T’endinses en un tàlveg asfixiant, superes les tosses sarnoses, colines calcinades, t’esgotes en camps estèrils, en rierols secs, rellisques i caus i tornes a incorporar-te com un autòmat. El canyó del tanc t’acarona ara les parpelles, la nou del teu coll engruixeix, descendeix pel teu pit dibuixant cercles concèntrics.

Segueixes fullejant el diari: rere una sèrie de noticies banals descobreixes, a les darreres pagines, la esquela dela Elsa.

 

ALUCINATION CHINOISE (Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

Tu feuilletés le journal: un tank menace d’écraser un homme à la place Tienanmen. Tu n’arrives pas à le croire. Quelque chose est en train de se craqueler, le parterre qui cède, une brèche qui s’ouvre, une douleur pointue te traverse nettement les côtes pour déposer son plomb dans le centre de ton estomac.

La Chineest loin, mais le tank se trouve sous ton nez glacé. Tu lui ordonnes de tirer. Tu crois perdre la connaissance, encore que tu gagnes une vision : tu te vois au dos dela Grande Muraille, essayant de la sauter. Tu ne peux pas comptabiliser la durée exacte de la chute. De l’autre cote t’attendent encore plus de soldats. Quand en fin tu te fracasses contre le sol, tu n’es plus vivant, mais pas mort non plus.

Dans un état que tu ne peux pas décrire avec précision. C’est comme si la vie était morte ou ta mort était un mauvais simulacre, une espèce de vision d’ensemble, une sagesse que te permettais parler comme un disparu, comme un être invisible.

Les cris des gardiens ne réussissent pas à t’effrayer. Plutôt te produisent une hilarité clairement téméraire. Tu ne les hais pas. Tu les compatis. Eux savent que leur travail les dégrade. Pendant l’escalade le soleil s’est abattu comme un gong de lumière absolu sur ta tête. T’attends avec résignation le coup de grâce qui va détruire ta colonne vertébrale ou va te perforer la nuque. Tu peux encore entendre leurs doigts nerveux jouer avec la gâchette des pistolets et des paroles que tu ne comprends pas.

Evoquant des forces que tu croyais inertes, tu t’incorpores et te mets à courir montagne en bas, attendant à nouveau le claquement des mitrailleuses, une douleur aigu dans le dos ou dans le centre de ton cerveau. Mais personne ne tire, personne crie, personne ne donne des ordres de capturer au fugitif. La seule chose que t’entends son tes propres rires. Tu t’enfonces dans un talweg asphyxiant, surmontes coteaux galeux, collines calcinées, tu t’épuises en champs stériles, en ruisseaux secs, glisses et tu tombes et tu t’incorpores a nouveau comme un automate.

Le canon du tank te caresse maintenant les paupières, la pomme d’Adam se gonfle dans ton cou, et descends vers ta poitrine dessinant cercles concentriques.

Tu continues de feuilleter le journal : après une série de nouvelles banales tu découvres, dans les dernières pages, le faire-part de décès d’Elsa.

LAS  HUELLAS  DEL  DELITO (Original José Vidal Valicourt)

Al  besar  su  hombro  izquierdo  besaste  también  un  cangrejo  tatuado.

Al  besar  su  vientre  tenso  besaste  también  un  aro  de  plata  y  un  símbolo hebreo.

Al  besar  con  demora  sus  pezones  besaste  también  dos  pupilas dementes.

A  lo  largo  de  su  cuerpo  descubriste  quemaduras  de  cigarrillo, moratones  recientes  y  la  leyenda  punk  no  future.

Tú,  a  su  lado,  fuiste un  soldado  raso  que  regresaba  a  su  patria  con  una  derrota  humillante sobre  sus  espaldas.

Al  besar  su  frente  besaste  también  una  oscura premonición.

Al  besar  sus  labios  besaste  también  el  final  de  la  poesía.

LES TRACES DEL DELIT (Versió catalana Rosa Ramos)

Al besar la seva espatlla esquerra vares besar també un cranc tatuat.

Al besar el seu ventre tens vares besar també una anella d’argent i un símbol hebreu.

Al besar amb demora els seus mugrons besares també dues pupil·les dements.

Al llarg del seu cos descobrires cremades de cigarreta, morats recents i la llegenda punk no future.

Tu, al seu costat, vares ésser un soldat ras que tornava a la seva pàtria amb una derrota humiliant sobre les esquenes.

Al besar el seu front besares també una obscura premonició.

Al besar els seus llavis besares també el final de la poesia.

LES TRACES DU DELIT (Version française Sonia Soriano et Rosa Ramos)

Au moment d’embrasser son épaule gauche t’as embrasse aussi un crabe tatoué.

Au moment d’embrasser son ventre tendu t’as embrasse aussi un anneau d’argent et un symbole hébreux.

Au moment d’embrasser en t’attardant ses mamelons t’as embrasse aussi deux pupilles déments. Tout au long de son corps t’as découvert de brûlures de cigarette, des bleus récents et la légende punk no future.

Toi, a ses cotes, t’as été un simple soldat que revenait à sa patrie avec une défaite humiliante sur les épaules.

Au moment d’embrasser son front t’as embrasse aussi une obscure prémonition. Au moment d’embrasser ses lèvres t’as embrasse aussi la fin de la poésie.